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Photo du rédacteurSenga M

Confinement, travail et vous ?

Lorsqu’une situation échappe à notre choix, elle nous laisse cependant celui de l’expérience, à savoir comment nous choisissons de vivre la situation qui s’offre à nous. Le confinement nous oblige à lever le pied et à passer plus de temps avec nous-mêmes. Une bonne occasion de réfléchir sur notre travail, la place qu’il prend, la place que nous lui donnons.

Suis-je à ma place ?

Je pense notamment à celles et à ceux qui se lèvent tous les matins pour aller travailler soit armés d’un vague dégoût, soit pire : la boule au ventre. Ils ne s’en rendent parfois même plus vraiment compte tellement c’est devenu ancré dans leur quotidien, ce travail dans lequel ils ne se retrouvent pas, ne sont pas reconnus ni même parfois respectés. Ce boulot sans intérêt, alimentaire. Un ticket gagnant et oups : claquée la porte du bureau, définitivement et sans l’ombre d’un regret ! Une étude locale récente a montré que presque 70% des personnes interrogées déclaraient quitter leur travail actuel immédiatement en cas de gain important à la loterie. Ils ne souhaitaient pas forcément cesser définitivement de travailler, mais clairement quitter les fonctions qu’ils occupaient. 70% des gens n’aiment donc pas vraiment leur travail.

Or le temps qu’occupe notre travail sur une journée, c’est la moitié de notre vie de veille. Pouvons-nous l’occuper dans un total manque de sens ? Dans un mal-être plus ou moins conscient ? Oui. Nous le pouvons. Malheureusement. Et notre corps saura nous rappeler le prix de cette impossible contrainte : maladies chroniques, douleurs, dépression, burn out, bore out, brown out (oui tout cela existe) etc. Nous ne sommes pas faits pour les carcans vides, les pressions mesquines, les tâches abrutissantes.

Ai-je vraiment le choix ?

Bien sûr, nous n’avons bien souvent pas le choix, le rappel des factures faisant loi. Vraiment ? Je veux dire : VRAIMENT ? Je ne suis pas sûre que toutes les situations soient si verrouillées ni que la ribambelle des « oui mais » ne s’invite pas à la fête. Finalement ce travail offre une certaine sécurité dans un marché de l’emploi pas si serein, il n’est pas trop loin de la maison, le salaire n’est pas si mauvais, on sait ce que l’on quitte et pas ce que l’on trouve etc.

Et pourtant. Combien de réveils la nuit à cause de la surcharge de travail, des tâches qui ne correspondent tellement pas à la fiche de poste qu’on se sait plus quelle est sa fonction, des petites vexations accumulées qui s’agglomèrent et minent la confiance en soi, le manque de reconnaissance chronique qui laisse le doute finalement sur ses compétences.

Est-ce que cela vaut le coup ?

Bronnie Ware, une infirmière australienne en soins palliatifs, a publié un livre relatant ce qu’elle avait pu recueillir de la part de ses patients sur leur lit de mort. Ce qui revient le plus souvent c’est « j’aurais aimé avoir eu le courage de vivre la vie que je voulais vraiment, pas celle que les autres attendaient de moi » et « j’aurais dû travailler moins ». Ou peut-être mieux, plus en phase avec ses valeurs, ses convictions profondes, ses qualités intrinsèques.

Mark Twain a écrit cette phrase dans un de ses ouvrages « ils ne savaient pas que c’était impossible donc ils l’ont fait ». Nous sommes nos premiers censeurs, empêcheurs, bloqueurs. Et si nous décidions d’oublier ce dont nous pensons être (ou n’être pas) capables pour enfin commencer à vivre aussi pour nous-mêmes, pour ce qui nous tient à cœur ? Nous avons au moins le temps d’y réfléchir.

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